Bonsoir les roudoudous,
Vous êtes nombreux à m'avoir soutenu dans mon dernier projet studio : le ré-enregistrement de ma chanson Never enough dans sa version a priori définitive. Pour vous, c'est la deuxième version de cette chanson, mais en trifouillant dans mes archives (il m'arrive de trifouiller, ça ne vous arrive jamais, vous ?) je suis tombé sur des versions antérieures bien différentes. Des brouillons musicaux en quelque sorte. Je me suis dit que l'occasion était venue de sortir ces archives inédites pour vous montrer la génèse d'une composition et les différentes étapes de la vie d'un morceau en cinq ans.
C'est parti pour un petit voyage dans le temps. Doc, fais tourner la Delorean, direction 2007 !
Ce qui me frappe dans cette toute première version, c'est la ressemblance avec la version 2012, ce qui est loin d'être le cas pour les version intermédiaires comme vous le verrez. Comme quoi, on revient souvent à sa première intuition.
L'intégralité de la composition est déjà là : les couplets avec la guitare acoustique devant, les breaks avec la disto et le dédoublement de la batterie, la modulation d'accords au pré-refrain, le refrain avec le riff de guitare saturée. Ces éléments sont la base du morceau, c'est pour cette raison que je les ai gardé.
On remarquera que l'intro est moins travaillée : j'attaque directement la partie acoustique avec un break de batterie tout pérave, ah ah ! On remarquera aussi que même si je n'ai pas encore les paroles du pré-refrain j'ai déjà trouvé un gimmick pour les choeurs : ce sera "oooh nanana, oooh nanana" parce que je trouve que ça donne un côté décalé et drôle dans cette composition pas forcément rigolote à la base.
Il y a aussi du synthé - et de l'orgue - dés l'intro. Beaucoup de synthé, trop de synthé même. A partir de là je ne peux qu'en enlever, faut pas déconner ! On notera les petites notes aigues au synthé sur le refrain avec un son très doux et très rond. Profitez-en bien vous ne les entendrez plus jamais...
A peine quelques mois se sont écoulés et c'est le grand écart musical ! Presque tout change : le tempo, les mélodies instrumentales, le groove (on passe du binaire straight au swing ternaire). Tout sauf la grille d'accords et la construction du morceau - l'âme de la composition.
Dans mon travail de compositeur je fais souvent ce genre d'exercices et je vous le recommande vivement. Quand un morceau est en friche, que l'on a l'impression de tourner en rond, il est intéressant de prendre le contre-pied de sa première intuition et de tenter un arrangement complètement différent. Souvent ça donne de nouvelles idées, parfois même on reste sur la nouvelle version.
Difficile de détailler les changements, puisque quasiment tout est différent... à tel point que je n'ai pas gardé grand chose dans la dernière version. En revanche j'y ai trouvé quelques idées et mélodies intéressantes à reprendre pour un prochain morceau hip-hop eventuel. Cette version m'a également permi de travailler sur les batteries hip-hop : j'utilise encore à ce jour des techniques que j'ai appris avec ce morceau.
Retour à quelque chose plus proche de la première version. Je suis en pleine préparation de mon album et je fais quelques derniers essais tant qu'il est encore temps. Cette version est beaucoup plus calme, c'est pour cette raison que je l'appelle "jazzy" bien qu'elle ne le soit pas réellement.
L'intro est quasiment semblable à la version de 2007, ensuite c'est beaucoup plus tranquille : pas de guitare électrique mais des arpèges à la guitare folk, pas de synthé mais une mélodie étherée au piano. Ce qui est intéressant ici c'est d'écouter le pré-refrain (1'09) : de cette partie je garderai les accords plaqués au piano, que l'on retrouve dans les versions suivantes. En revanche je ne garderai pas les violons du second couplet, beaucoup trop larmoyant au final - comme souvent les violons - mais ça valait le coup d'essayer.
Deux ans se passe et après des milliers d'heure de travail je sors mon premier album solo. Parmi les neuf chansons je place Never enough en deuxième position, une place de choix.
Par rapport aux précédentes version il y a beaucoup de nouveautés : l'intro gagne en puissance avec le piano, la montée au synthé et les coups de cymbales. C'est aussi l'apparition d'une mélodie à la guitare électrique avec un son tremolo (avec l'entrée de la basse et de la batterie). Et puis il y a des paroles qui apparaissent, elles auront pris leur temps, sans se presser.
C'est aussi un nouveau riff de guitare électrique qui pointe le bout de son museau pendant le beak synthé (2'10) et que l'on retrouve à la toute fin du morceau. Au final cette version est également la plus longue (4'12).
Nous sommes début 2012 et soudain le doute m'habite. Aurais-je fait fausse route ? Plus j'écoute la version 2008 et plus je trouve que le côté hip-hop sombre est intéressant. Du coup je ressors la version alternative des tiroirs et je rebosse un peu dessus... En quatre ans, j'ai progressé en tant que musicien ; au mixage aussi je connais plus de choses. Je retente donc une version qui reprend l'orientation de 2008, en y ajoutant des guitares et des claviers funky, pour voir... Je n'irai pas très loin dans cette version faute de temps mais, qui sait, je n'ai pas encore dit mon dernier mot !
Et soudain, c'est la version studio, grâce au financement de 274 internautes je livre la version la plus aboutie au niveau du traitement du son, et également la plus épurée au niveaux des arangements. Cette fois je fais jouer un bassiste et un batteur pro pour enregistrer des parties avec plus de groove et de nuances. Fort de toutes mes expériences précédentes et les différents essais que vous venez d'écouter, je ne garde que les parties "essentielles" à la chansons. Fini les synthés électro, retour à des sons plus rock, plus bruts.
La structure reste grosso-modo la même, bien que je pratique de sévère coupes à plusieurs endroits pour passer à une durée finale de 3'23 (soit 50 secondes de moins que la version de l'album!) un format plus efficaces et conforme au standard du clip et de la radio. Sait-on jamais...
Voilà j'espère que cette petite histoire vous à plus. Vous êtes nombreux à me demander des conseils pour composer. Comme je vous dis toujours, l'important c'est de se faire plaisir et surtout de bosser, d'être curieux et d'essayer plusieurs pistes. Il m'aura fallu 5 ans et 6 versions différentes pour arriver à quelque chose de satisfaisant, comme quoi je vous avais pas menti !
A très vite !
Léna 02/05/2014 13:07
Evalaa 03/03/2013 20:18
Camille Soma 13/01/2013 22:33
c.sil 13/01/2013 03:18
Tombek 11/01/2013 21:09